
Des autocuiseurs, une lampe en forme d'oeuf, un demi-cylindre de tôle façon hangar, le tout abritant une cuisine, mais on est où là? On est chez Takuo, au marché des enfants rouges. Vous connaissez le marché des enfants rouges, ce petit coin rempli de petites tables, en plein coeur de ce qu'il est convenu d'appeler le Haut Marais, voyez-vous? On y accède par la rue de Bretagne. Haut lieu de la grignote parisienne, nous aurons l'occasion d'y retourner. Mais revenons chez Takuo.
Parfois, on a envie de manger japonais, les sushis et les yakitoris en moins, vous voyez ce que je veux dire? C'est cette envie de voyager, d'aller faire un tour à Tokyo, mais en bas de chez soi. C'est pas évident. La meute des faux restaurants japonais à deux sous veille et, comme autant de coupe-jarrets, vous attendent à chaque coin de rue. C'est là que Takuo intervient.
Takuo c'est pas Tokyo, c'est pas non plus Osaka, c'est encore moins Kyoto mais c'est déjà pas mal. Ce sont des bentos ludiques s'offrant généreusement à la picore. Porc, boeuf, poisson, poulet, choisissez votre viande (ou pas), et éclatez-vous. Votre amie blonde prendra peut-être peur à la vue de certains ingrédients, mais vous la rassurerez en lui expliquant que tout cela, et surtout les petits légumes, ça se mange. Ensuite, elle explorera son assiette en trois temps : méfiance d'abord, appréciation ensuite, et enfin faut-trop-que-j'en-parle-à-mes-copines. Vous avez marqué un point.
N'hésitez pas à vous aventurer dans la carte. Demandez aussi le plat du jour, comme cette excellente mijotée de maquereau (9,80 euros), un poisson qui se prête à la préparation de plats bons et pas chers (amis, démocratisons le maquereau). Du maquereau mijoté, mais dans quoi? Je ne sais. Peut-être du miso car il portait ce réconfort des plats d'hiver. Sous lui, du riz, avec lui, un bataillon de hijiki. Les hijikis, ce sont des algues brunes. C'est surtout l'occasion de faire le malin avec la blonde. Plusieurs agences gouvernementales déconseillent la consommation de hijiki en raison de sa teneur sensiblement plus élevée que celle d'autres algues en arsenic inorganique. Rassurez-là en lui expliquant qu'une faible dose de temps de temps ne saurait vous tuer, et elle encore moins. Osez la comparaison, c'est comme aller au McDo. Faites-lui ensuite goûter. C'est une algue, c'est donc curieux, salé, bref, ça marche. Vous marquez un deuxième point.
Sinon, nous avions mangé du poulet frit (9,80 aussi). Classique, croustillant, excellent, servi, lui aussi, avec ses hijiki. Sagement, la blonde à la main, vous vous apprêtez à dégainer la carte bleue. Arrivé devant la caisse, c'est le moment de l'épater votre blonde. Vous demanderez donc une glaçe au sésame. Etonnant, non? Couleur anthracite, ça pourrait être une glaçe au charbon. Et pourtant c'est sucré, c'est très bon, l'atterrissage est remis à plus tard. On mange sa glace jusque dans la rue. Et elle, elle sourit, elle est heureuse. Trois points pour vous. C'est gagné.
Dessin : Hélène Paris
Texte : Stanislas Kraland
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire